LA TAPISSERIE AU XV° SIÈCLE                        123
ration des églises comme dans celle des châteaux, vers la fin du moyen âge.
Le commencement du xyie siècle va nous offrir bien d'autres exemples de cette faveur.
xSi nous essayons maintenant de caractériser l'art de Ia haute lice à la fin de la période qui se termine par la ruine des ateliers d'Arras, nous constaterons qu'à aucune autre époque la tapisserie n'a mieux observé les règles1 de la décoration. Loin de blâmer ' comme un défaut l'accumulation de figures superposées qui s'é-tagent jusqu'au haut de la composition, sans laisser le moindre espace inoccupé, il faut voir clans cet arrangement le sentiment le plus juste des vrais, principes. Le tapissier ou l'auteur des cartons n'oublie jamais qu'il s'agit de l'ornement d'un tissu, et il se préoccupe par-dessus tout de ne laisser aucune place vide. Si les figures du premier plan occupent une partie importante du champ du tableau, l'artiste aura soin d'historier les robes des dames ou même les habillements masculins des plus riches dessins empruntés aux damas et aux étoffés de soie alors en vogue. Le style de ces dessins, qu'on retrouve sur les miniatures des manuscrits, est souvent un précieux élément pour aider à préciser l'époque de l'exécution des pièces non datées. L'usage de ces somptueuses étoffes à grands ramages s'introduit pendant les expéditions en Italie. Elles deviennent d'un usage de plus en plus répandu sous Louis XII et François Ier. La conclusion est facile à tirer pour le sujet qui nous occupe.
La peinture sur verre exerce, durant tout le moyen âge, une influence considérable sur le style des tapisseries. L'observation déjà faite au sujet de ce trait noir qui cerne les contours des figures, et qui n'est qu'un emprunt heureux aux pratiques du peintre verrier, s'applique également aux œuvres de la première renaissance. Cette pratique, éminemment favorable à la netteté du sujet, se prolonge même jusqu'au xviii0 siècle. Son abandon, contribue pour une bonne part à donner aux scènes reproduites en haute lice un aspect vague et'confus.
On a dit que les tapissiers du moyen âge n'avaient pas l'habi­tude d'entourer leurs ouvrages d'une bordure; c'est une erreur. Au début, ils placent au bas des scènes religieuses une bande émaillée de fleurs, où se jouent des lapins et autres animaux, tandis que dans le haut, des nuages en forme d'ondes, figurant le